Ce qui devait arriver arriva, les 8 ans de travaux forcés ont été transformés en 8 ans de prison. La France est prise au piège d'une convention qui lui a permis de rapatrier ses ressortissants.
J'ai déjà eu l'occasion de l'exprimer ici, je ne comprends pas, mais pas du tout, la haine déclenchée à l'encontre de l'équipe de l'Arche de Zoé. Car enfin, qu'est ce qu'a essayé de faire cette malheureuse équipe si ce n'est rendre des enfants plus heureux, de leur donner un autre espoir de vie ?
On constate d'ailleurs que les enfants concernés sont toujours à Abéché, sans avoir été réclamés par "leur famille africaine" alors que plusieurs "connaisseurs de l'Afrique" assurait leur adoption par des proches. La reconnaissance attend peut être le paiement de l'amende.
Certes, on peut objecter qu'ils ont agi sur un schéma de pensée occidental et que les enfants étaient aussi heureux chez eux, "pieds dans la boue et mouches dans les yeux" (sic), comme l'assurait une infirmière se disant habituée de ces causes. C'est vrai aussi que la non ingérence "pour respecter les us et coutumes", cela fait de la bonne conscience à pas cher.
Certes, on ne peut nier qu'ils s'y soient mal pris et que partir en catimini n'était pas la solution. Mais quelle est la bonne solution dans ces conflits qui s'éternisent, où des hommes, des femmes et des enfants meurent tous les jours faute de soins, où les populations sont les otages de tractations et de luttes d'influence de politiques tant locales qu'internationales ?
L'émission "Pièce à conviction" qui se veut objective, met en évidence qu'il n'y a pas eu volonté d'emmener des enfants qui n'auraient pas été orphelins, avec l'intéressant commentaire de Marie-Agnès Pèleran, qui témoigne en se donnant plutôt le beau rôle de celle qui doute... a postériori.
De même, il n'y a jamais eu volonté d'enlèvement d'enfants, de demande de rançon, de procédure d'adoption.
Alors oui, la méthode n'était pas la bonne, il n'y a pas à revenir là dessus. Mais vouloir mettre des enfants à l'abri pendant quelques temps, cela ne mérite pas 8 ans de prison, et cela ne mérite certainement pas la haine de ses concitoyens. En exprimant cette haine, on ne fait pas pression pour une solution amiable, pour une grâce présidentielle venant du Tchad. Bien au contraire, on cautionne le jugement.
Ceux qui jettent la pierre à l'Arche de Zoé devraient peut être mettre leurs blâmes en adéquation les actions humanitaires qu'ils ont pu initier pour ces enfants avant de se poser en défenseurs de la non ingérence.
Alors oublions la haine, ne jouons pas aux redresseurs de torts quand on n'est pas impliqué, soutenons une mesure de grâce, la leçon reçu par l'équipe de l'Arche de Zoé a déjà été largement au delà du nécessaire.
11:55 Publié dans Coup de gueule , Etrangers en France , Justice , La France vue d'ailleurs , La France vue d'ici ,
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