LA TRIBUNE le 10/12/2007
Les six membres de l'Arche de Zoé renvoyés devant la cour criminelle tchadienne
Déception pour les six Français de l'Arche de Zoé détenus au Tchad. Les membres de l'ONG française emprisonnés à N'Djamena ont été renvoyés devant la cour criminelle tchadienne pour répondre de leur tentative de sortir 103 enfants africains du pays, a-t-on appris lundi auprès de leurs avocats.
Le juge d'instruction a pris une "ordonnance de transmission des pièces au Parquet général" concernant les six Français et les autres accusés tchadiens, a précisé à l'Associated Press Me Bernard Padaré, un avocat tchadien des membres de l'Arche de Zoé. Inculpés d'"escroquerie" et d'"enlèvement de mineurs en vue de compromettre leur état civil", les Français risquent jusqu'à 20 ans de travaux forcés.
Il revient désormais au parquet de saisir la chambre d'accusation pour le procès, qui pourrait se tenir très rapidement. "Le fait que ce soit criminel nous fait penser qu'on aura un procès organisé dans les semaines qui viennent, voire dans les jours qui viennent. On peut avoir une date de procès aux alentours du 15 décembre", a déclaré sur France-Info Me Cécile Lorenzon.
En revanche, les onze autres Européens remis en liberté dans cette affaire, trois journalistes français, un pilote belge, et les membres de l'équipage espagnol qui devait ramener les enfants en France, ainsi que le sous-préfet de Tiné "ont bénéficié d'une ordonnance de non-lieu", a précisé Me Padaré à l'AP. "Ils sont définitivement mis hors de cause", a-t-il ajouté sur France-Info.
Pour les six Français, "c'est une déception", a commenté Me Olivier Desandre-Navarre, avocat français du pompier volontaire Dominique Aubry. "On espérait qu'ils soient renvoyés devant une cour correctionnelle" devant laquelle ils auraient risqué des peines moins lourdes. "C'est ce qu'on avait demandé".
"Il est vraisemblable qu'on va interjeter appel de cette décision de renvoi", a ajouté Me Desandre-Navarre.
Les six Français ont entamé samedi une grève de la faim qui vise à contester cette décision judiciaire. "Ils estiment que l'instruction est menée à charge contre eux", a dit Me Padaré à l'AP.
Le comité de soutien de l'association a dénoncé dans un communiqué "une parodie de justice qui préfère ne pas voir les preuves qui confirment que les enfants ont été présentés aux humanitaires français par des autorités locales comme des enfants orphelins du Darfour".
Les six Français membres de l'organisation non gouvernementale ont été arrêtés le 25 octobre à l'aéroport d'Abéché, dans l'est du Tchad, alors qu'ils s'apprêtaient à évacuer vers la France 103 enfants présentés -à tort selon les premiers éléments recueillis par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, le comité international de la Croix-Rouge et l'UNICEF qui ont pris en charge les enfants- comme des orphelins de la région soudanaise du Darfour. AP