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Arche de Zoé: "Il y a négligence ou volonté de laisser-faire"
Par La rédaction du Post , le 07/12/2007
Une semaine après la publication d'une première lettre dans laquelle il niait toute erreur de sa part, Eric Breteau, reponsable de l'Arche de Zoé accuse Rama Yade et Bernard Kouchner d'"incompétence".
C'est quoi cette histoire ?
Eric Breteau, président de l'Arche de Zoé, détenu pour enlèvement d'enfants au Tchad, samedi 3 novembre, à N'Djamena.
AP/KAREL PRINSLOO
Eric Breteau c'est le président de l'association Arche de Zoé, emprisonné au Tchad, arrêté avec les membres de son équipe alors qu'ils tentaient d'emmener 103 enfants en France depuis Abéché.
Le 27 novembre dernier, il s'est expliqué dans une longue lettre de 16 pages, publiée par le site de France Info. Il réfutait toute erreur de sa part ou de la part de son équipe.
Alors quoi de neuf ?
Aujourd'hui, France Info publie la suite de cette lettre (version PDF) dans laquelle Eric Breteau accuse directement la secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme Rama Yade et le ministère des affaires étrangères de les avoir "enfoncés". Et il n'y va pas de main morte. Morceaux choisis:
- "Nous sommes scandalisés par (...) les propos tenus par Rama Yade", qui manifeste selon lui "une grande hypocrisie compte tenu de la médiatisation et des informations dont elle disposait depuis des mois." Et d'ajouter: "Elle s'est ainsi placée au-dessus de la justice en rendant ce verdict, sans enquête ni procès. Elle a enterré la présomption d'innocence, ce qui est un comble pour une secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme !"
- "Rama Yade a provoqué, sans s'en émouvoir un instant, l'incarcération des personnels féminins de notre équipe dans les geôles tchadiennes au milieu des prisonniers de droit commun masculins. (...) Elle est indigne de représenter les Droits de l'Homme, et encore moins digne de représenter les droits des femmes".
Donc d'après lui, tout est de la faute de Rama Yade ?
Pas seulement, Eric Breteau accuse également le ministère des Affaires étrangères, qui dénonce la "gestion calamiteuse de l'affaire".
"Il y a soit une négligence incroyable des autorités françaises révélant une incompétence inquiétante pour la sécurité du pays, soit une volonté de laisser-faire", ajoute-t-il.
Et il argumente : "Un proche conseiller de Bernard Kouchner a rencontré Eric Breteau en juin dernier et avait déclaré à l'époque : "votre projet (...) est intéressant, il va sans doute provoquer une crise internationale et une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, ce qui donnera une nouvelle légitimité au ministre Kouchner de s'exprimer sur le sujet du Darfour."
Et que répond le ministère ?
Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères affirme avoir bien reçu les membres de l'Arche de Zoé mais avoir tenté de les "dissuader de mettre à exécution" leur projet.
Et répondant directement à Eric Breteau, le communiqué précise: "Les propos rapportés dans votre lettre et attribués à des agents de ce ministère n’ont jamais été tenus. (...) Le 9 juillet, le quai d’Orsay a saisi la justice pour "faits d’exercice illicite de l’activité d’intermédiaire pour l’adoption".
Et on en est où dans cette histoire ?
Les six Français de l'Arche de Zoé sont toujours détenus à N'Djamena. D'après la radio RTL, ils ont commencé une grève de la faim mercredi pour dénoncer l'oubli dont ils font l'objet de la part des autorités françaises.
Avec eux, sont également incarcérés pour complicité cinq Tchadiens et un Soudanais. Le juge chargé de l'instruction du dossier a rendu ses conclusions mardi. Les inculpés doivent désormais attendre une ordonnance définitive pour connaître le sort qu'il leur est réservé. Ils risquent 5 à 20 ans de travaux forcés.[b]
http://www.lepost.fr/article/2007/12/07/1063952_arche-de-zoe-il-y-a-negligence-ou-volonte-de-laisser-faire.html